daghe-munegu.blog4ever.com

AS Monaco

Entretien


Entretien

Pour le premier entretien, ce sera l'entretien d'une ancienne gloire du football Suisse notamment passé par le FC Sion, il s'agit de Stéphane Nançoz. 

Stéphane Nançoz:

-Bonjour Stéphane Nançoz, merci d’avoir accepté l'invitation

Stéphane : De rien, c’est un plaisir.

-Pourrais-tu nous remémorer ton parcours de footballeur ?

Stéphane : J’ai eu un parcours très standard de footballeur en Suisse. J’ai fait mes gammes dans le mouvement junior de mon village, Conthey. J’ai eu la chance d’être rapidement remarqué par les sélectionneurs cantonaux (ce qui correspond aux départements en France), puis par les sélectionneurs nationaux. Dès l’âge de 14 ans, en parallèle de mon club, j’ai évolué avec les différentes sélections nationales suisses juniors, -16 ans, - 18 ans. Grâce à une telle exposition, quelques clubs pros suisses se sont intéressés à moi. A l’âge de 17 ans j’ai signé mon premier contrat pro avec le club du FC Sion en Valais, 4 ans de contrat. J’ai passé la première année de mon contrat avec l’équipe ‘réserve’ (ce qui est aujourd’hui les -21), puis la deuxième saison de mon contrat en Ligue 1. Ensuite, pour gagner du temps de jeu, le FC Sion m’a prêté au FC Martigny, club de ligue 2. J’y ai passé 2 saisons, nous avons joué la tête du championnat à chaque fois. Ce fut une très belle expérience. Puis j’ai été transféré à Lausanne. J’ai malheureusement été blessé lors de ma deuxième saison là-bas. Résultat, ligaments croisés du genoux gauche déchirés, 8 mois d’arrêt après l’opération et un retour très difficile à la compétition. J’ai ensuite essayé de revenir au niveau avec une nouvelle saison en Ligue 2 à Renens, mais j’avais des problèmes récurrents au genoux et ça a été difficile.

-8 mois d’arrêt pour un croisé c’est une longue rééducation pourtant ?

Stéphane : Oui, pour les jeunes d’aujourd’hui qui voient Falcao avoir la même blessure et se remettre en 5 mois, en espérant même participer à la coupe du Monde 4 mois après son opération (ce qu’il n’a malheureusement pas pu réaliser), cela doit être difficile à croire. Mais il faut se remettre un peu dans le contexte. J’ai été opéré en 1989. Je ne pense pas que l’opération en elle-même est très différente, même si il y a eu certainement des améliorations sensibles dues aux technologies. Par contre, les méthodes de rééducation ont progressé de façon phénoménales. Quand je vois aujourd’hui les moyens mis à disposition d’un joueur pro pour la récupération, je suis admiratif. La médecine du foot a énormément progressé dans ce domaine, j’aurai bien aimé avoir ces méthodes à disposition. Dans les années 80, après une telle opération, les chances de revenir au plus haut niveau étaient plus aléatoires. Pour nous l’opération d’un croisé pouvait faire basculer une carrière.

-Quel poste occupais-tu ?

Stéphane : j'étais au poste d'Attaquant.

-Quel est ton plus beau souvenir de but marqué ?

Stéphane : En fait, il y en a deux qui me viennent spontanément en tête. Le premier est une reprise de volée des 18 mètres. Sans fausse modestie, ça a été un très beau geste. Je suis monté tellement haut à l’horizontal pour frapper la balle de volée que  le public était stupéfait et je dois avouer que moi aussi. La balle est partie dans la lucarne opposée et Goal…Avec le recul, je me demande encore quel genre de réflexe te pousse à faire ça ? En une fraction de seconde te dire c’est beaucoup trop haut mais j’y vais quand même, puis l’énorme part de chance qu’il faut avoir pour que le ballon se loge exactement là où il faut. Ça doit être ça l’instinct du buteur…Le deuxième c’est un peu différent. C’était une saison compliquée, après l’opération des croisés j’avais continuellement des douleurs au genoux. Je n’avais plus envie de jouer et j’avais informer le club que je m’arrêtais à la fin de la saison. Arrive le dernier match. Nous jouions contre le FC Martigny, là où j’avais passé 2 belles saisons, le public me connaissait bien. En fin de match, sur une action un peu confuse la défense adverse renvoie un centre, le ballon rebondit assez haut dans ma direction et depuis 35 mètres je frappe directement en volée. Un peu comme lorsque les gardiens dégagent parfois en volée haute. La balle est partie avec une force incroyable, une frappe tendue qui a aussi était se loger dans la lucarne opposée. Comme j’avais frappé de loin, le ballon a mis un certain temps à rentrer dans la cage, et moi je voyais la balle filer vers le but. J’étais sûr qu’elle allait rentrer, je le sentais. Je ne peux pas l’expliquer, elle aurait pu passer 10 centimètres au-dessus ou à gauche, mais je le savais, c’était mon dernier but. Le lendemain, la presse a d’ailleurs écrit « un but venu d’ailleurs, tant la beauté du geste du Contheysan stupéfia le public ». 10 minutes après, je rentrais pour la dernière fois dans un vestiaire pro et j’ai ‘raccroché les crampons’.

IMG_1525.JPG

-Tu n’as jamais eu de regret ? Tu avais quel âge ?

Stéphane : J'avais 26 ans. Non, pas trop de regrets. Sincèrement, mon genoux me faisait souffrir, la saison avait été difficile et la décision sur le moment a été simple à prendre. Je voulais aussi tourner la page et préparer mon avenir professionnel hors football. Là aussi, il faut se remettre dans le contexte. Un footballeur suisse, gagnait bien sa vie, mais impossible de comparer avec les salaires d’aujourd’hui . Seules les stars pouvaient imaginer vivre toute une vie de leurs salaires de footballeur. Et encore, la plupart avait des reconversions dans le domaine du sport grâce à leur nom. Pour les autres, il fallait mener en parallèle la carrière sportive et préparer l’après foot. Pour ma part, j’ai un diplôme d’ingénieur génie civil et en management, je dirige aujourd’hui une société, cela c’est bien passé pour moi. Mais beaucoup de mes amis, qui avait tout misé sur le foot ont eu des deuxièmes parties de carrière un peu moins intéressante.

Les salaires que les joueurs actuels reçoivent ne me font pas rêver, ça me fait plutôt peur. Premièrement parce que je crains que cela mène le foot à sa perte et deuxièmement parce que je sais que malgré (ou à cause de)  tout cet argent, les footballeurs d’aujourd’hui ne sont pas tous préparés pour l’après football. En général, tu t’arrêtes vers 30 ans, ça veut dire qu’il reste plus de 40 ans d’une vie à remplir, c’est long si tu n’as pas le bagage pour le faire, d’autant plus si tu as de l’argent, les possibilités de faire des conneries s’accumulent.  C’était compliqué à l’époque de bien doser entre la chance d’être sportif d’élite et le besoin de ne pas tout miser là-dessus, mais ça nous poussait à réfléchir à la reconversion. Avec le recul, je pense quand même que la situation était un peu plus saine qu’aujourd’hui. Quand je vois des gosses de 12 ans qui décrochent des contrats mirobolants dans des grands clubs, je ne peux pas m’empêcher de penser ‘qu’est ce qui arrivera à ces mômes s'ils ne réussissent finalement pas à percer’ ? Quel équilibre vont-ils trouver après ça ? Tant que tu es dans le système, tout est calibré pour toi, tu es un roi. On te dit ce qu’il faut faire, ce qu’il faut manger, ce qu’il faut penser. Ils te filent des belles voitures, des beaux apparts. Mais si tu ne donnes pas satisfaction, alors là…Dehors, plus de place pour toi. Et Là tu reviens d’un coup à la réalité du quotidien. Tu as 18 ans et tu ne sais rien faire d’autre que taper dans un ballon. Le reste de leur vie va être compliqué. Vikash Dhorasoo l’a d’ailleurs bien expliqué dans une interview, il a dit « j’ai beaucoup d’argent, mais je sais rien faire ». Imagine la même situation 30 ans plus tôt, cela aurait été « Je n’ai PLUS d’argent et je sais rien faire », c’est moins rigolo…

-Dans ta carrière, quels sont les joueurs que tu as croisés qui t’ont marqués ?

Stéphane : Il y en a pas mal, mais les gens de ta génération vous ne les connaissez probablement pas. Déjà dans mon club de Sion, il y avait les ténors qui jouaient en équipe nationale ; Georges Bregy, Jean –Paul Brigger, Joko Pfister. En même temps que moi au FC Sion il y avait des jeunes joueurs de talent qui ont fait des belles carrières ;  Raphael Wicky qui a joué au Werder de Brême  et surtout Christophe Bonvin, nous avons fait ensembles toutes les étapes des équipes suisses juniors. Il a été un pilier de la Nati. J’ai aussi évolué avec des stars étrangères, comme Chicha et Aziz Bouderbala qui étaient en équipe nationale du Maroc. Et puis des joueurs comme : Stéphane Chapuisat, qui a fait une superbe carrière à Dortmund, contre qui j’ai joué lorsqu’il était au FC Malley avant qu’il ne devienne une star internationale. J’ai beaucoup apprécié jouer avec Laurent Roussey (nous avons joué ensemble à Renens), l’ancien joueurs de Saint Etienne, qui est aujourd’hui entraîneur. Difficile de me souvenir de tous.

-A propos de souvenir, quel est ton meilleur souvenir ?

Stéphane : Notre victoire en coupe de Suisse avec le FC Sion. Et puis, probablement la signature de mon premier contrat pro. Mais il y a aussi un moment très particuliers quand tu es un jeune homme, c’est la première fois que tu te découvres sur les figurines Panini. Ça a l’air un peu be-bête comme souvenir, mais je te jure qu’a 18 ans quand tu vois ta propre figurine et tu te dis que des gens vont collectionner et échanger cette photo exactement comme moi je le faisais une ou deux ans avant pour les joueurs que j’admirais, ça fait bizarre, une petite fierté.

 -Question d’actualité. Tu suis la Coupe du Monde au Brésil, qu’en penses-tu ?

Stéphane : C’est une très belle coupe du monde, il y a beaucoup de buts, le jeu est ouvert et nous voyons de belles équipes avec des belles attitudes sur le terrain, c’est une CDM très agréable à regarder. L’élimination prématurée de certaines ‘grandes’ équipes qui ont dominés le football mondial ces dernières années est aussi un facteur intéressant.  Cela montre que le nombre incroyable de matchs disputés tout au long de la saison par les stars (championnat, coupe nationale, Super coupe, Champions League, etc…)  laisse des traces sur l’organisme, et leur rendement s’en ressent. Du coup leur nation est ‘pénalisée’. La FIFA et l’UEFA feraient bien d’accorder un peu leurs violons l’année du Mondial, car si la plupart des meilleurs joueurs du monde arrivent éreintés ou blessés, il y aura forcément une baisse d’intérêt sur le long terme. Mais pour l’instant, cela me convient, un peu de fraîcheur venu d’Amérique latine et d’Afrique n’est pas pour me déplaire. J’ai été content aussi que la Suisse passe le cap du premier tour, content pour l’équipe et pour Ottmar Hitzfeld, il a fait du bon boulot.

-Quel équipe est ta favorite ?

Stéphane : Mon favori a toujours été, est et restera le Brésil, ce n’est pas rationnel car pour certaines coupe du monde je savais parfaitement que l’équipe n’avait pas les moyens d’aller jusqu’au bout, mais c’est mon équipe de cœur. Cette année, ils vont gagner.

-Au niveau des clubs, Supportes-tu un équipe? Si oui, laquelle? 

Stéphane: Je regarde régulièrement les matchs de l'AS Monaco qui va devenir un grand club dans les années a venir mais aussi le Real Madrid qui est surement le meilleur club du moment avec un grand palmarès. 

-Merci pour cette interview, bonne continuation 

Stéphane : Merci à toi. 

Le Contheysan Stéphane Nançoz se trouve à droite de l'image. 

IMG_1526.JPG

 

 


28/06/2014
0 Poster un commentaire

Ces blogs de Sports pourraient vous intéresser